On entend forcément le mot bandha à un moment ou à un autre quand on se met au yoga mais on ne comprend pas toujours ce que sont ces fameux verrous énergétiques ni comment les engager. Voici quelques informations qui pourront vous aider à y voir plus clair :
Un bandha est une action volontaire de “remontée”. Tout d’abord, pour que cette action fonctionne à la fois sur le plan anatomique et énergétique, il faut adopter une posture avec un bon alignement.
Au niveau anatomique on distingue trois paliers :
- Mûla bandha : le périnée. Le périnée est un ensemble de petits muscles qui forment un plancher pour soutenir les organes. Pour l’activer on cherche à tirer le coccyx vers l’avant et l’anus vers le haut (comme pour retenir un gaz ou quand on rentre dans une eau très froide à la mer). Le périnée remonte naturellement à l’expiration donc il est conseillé de souffler en même temps pour plus d’efficacité.
- Uddiyâna bandha : le diaphragme. C’est aussi d’un muscle, il descend pour que les poumons se remplissent d’air et remonte passivement quand ils se vident. Il s’agit ici de faire remonter le diaphragme plus que d’habitude en écartant les côtes (comme lors du travail hypopressif) et sa descente aura aussi plus d’amplitude par effet rebond. Les organes sous le diaphragme sont ainsi massés en profondeur et drainés.
- Jâlandhara bandha : zone de la gorge. Il consiste à allonger la nuque, pour y arriver on recule le menton sans trop l’abaisser (il ne doit pas toucher le torse) ce qui fait reculer les cervicales. Ensuite on tire l’os de l’arrière du crâne vers le haut comme pour se grandir. De manière secondaire ce mouvement permet d’ouvrir le sternum et la poitrine grâce aux muscles entre le cou et le sternum/les côtes.
Les 3 bandhas fonctionnent ensemble! En effet le périnée en remontant refoule les viscères qui poussent à leur tour le diaphragme (qui en remontant continue d’entraîner le périnée). Et pour que le diaphragme puisse aller au bout de sa course il faut que le sternum puisse s’élever. La succession des trois bandhas provoque un allongement du rachis qui décomprime les disques intervertébraux. La contraction des trois étages en même temps s’appelle Maha bandha.
Au niveau énergétique ces contractions aident la kundalini (l’énergie lovée en bas de la colonne vertébrale) à remonter à travers les chakras. Elles permettent de conserver l’énergie en soi : activer mûla bandha ferme la partie inférieure du bassin et évite la fuite d’énergie vers le bas.
Mais je tiens à rappeler qu’il est impossible de maintenir en permanence une contraction puissante du périnée, ce n’est pas naturel ni fonctionnel. Au quotidien la majorité des contractions périnéales sont inconscientes et serrer volontairement tout au long de la journée peut épuiser ces muscles, ils ne seront alors plus à même de jouer leur rôle. Pour travailler mûla bandha je donne donc comme indication de contracter le périnée comme si on commençait à avoir envie d’aller aux toilettes, pas comme si on avait une envie pressante. Il vaut mieux se concentrer sur le fait d’accentuer le mouvement naturel de remontée (avec l’expiration CF plus haut), que sur la force du serrage.